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Fonfrède et Ducos, par exemple, assis à la droite, avaient le plus souvent voté avec la Montagne. Marat lui-même au 2 juin défendit Ducos. Ces deux jeunes représentants, nullement en danger alors, restèrent généreusement pour protéger leurs collègues et parurent plus Girondins par cette défense qu’ils ne l’étaient d’opinion. Il n’y avait personne dans la Montagne qui ne s’intéressât pour eux.

Deux hommes encore étaient à part et ne pouvaient se mêler avec la Gironde. Quoi qu’on put leur reprocher dans le passé, c’était à Dieu de les punir et non à la France, qu’ils avaient, par leur intrépidité, par leur crime même, enrichie d’un département. La France ne pouvait toucher Mainvielle et Duprat, qui s’étaient perdus pour elle, qui, dans leur patriotisme frénétique, s’immolèrent, se déshonorèrent pour lui donner sa plus belle conquête, la plus sûre, celle d’Avignon.

Qu’avaient-ils eu pour allié, pour ami, dans cette guerre d’Avignon ? Le maire d’Arles, Antonelle, et c’était lui justement qui présidait le jury. Antonelle, ex-marquis, forcé par là d’être implacable, âpre d’ailleurs de nature, sincère amant de la Terreur, n’en était pas moins troublé en voyant dans cette malheureuse bande ceux qui, de concert avec lui, avaient rendu à la France cet immense service, et qui, quand elle aurait entassé sur eux l’or et les couronnes civiques, restaient encore ses créanciers.

Il y avait déjà sept jours que durait le triste procès. Il était beaucoup moins avancé que le pre-