banque. Et plus il engraissait, plus sa peur croissait. Il s’évanouissait presque devant Robespierre. Il l’avait, par étourderie, blessé sur l’article délicat de la constitution. Comment rentrer en grâce ? Il fit une pièce remarquable, un long roman, industrieusement tissu ; l’ensemble était ingénieux, le détail mal choisi, trop visiblement romanesque. Il reprochait aux Girondins les massacres de septembre ! la tentative d’assassinat en mars (c’est-à-dire d’avoir voulu s’assassiner eux-mêmes !) ; enfin le vol du Garde-Meuble !
Les Girondins étaient accusés d’avoir été amis de La Fayette, d’Orléans et de Dumouriez. Tous trois, s’ils n’eussent été absents, auraient dit, sans nul doute, ce qui était vrai, qu’au contraire ils avaient trouvé dans la Gironde leur principal obstacle. Pour le dernier, il atteste en 1794, six mois après leur mort, qu’il fut leur mortel ennemi, et il le prouve par un torrent d’injures. En réalité, ce fut Brissot qui, par son acte vigoureux de déclarer la guerre à l’Angleterre, trancha la trame que filait Dumouriez, coupa les ailes à sa fortune.
La déclaration de guerre à tous les rois leur fut imputée au procès, avec raison. — Elle leur appartient et leur reste dans l’histoire ; c’est leur titre de gloire éternel.
Du reste, que les Girondins fussent coupables ou non, il eût fallu du moins, dans ces vingt-deux, mettre à part ceux qui se trouvaient là introduits par erreur, et qui, en réalité, n’étaient pas Girondins.