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entre les voleurs et les royalistes, s’intéressa moins à leur sort.

Royalistes et Girondins furent habilement entremêlés. La reine périt le 16, les Girondins le 30, Madame Roland le 8, et le surlendemain un royaliste, Bailly. Le Girondin Girey-Dupré le 21, et peu de jours après le royaliste Barnave. En décembre, les exécutions des Girondins Kersaint, Rabaut, furent faites ainsi pêle-mêle avec celle de la Du Barry.

Qu’il eût bien mieux valu pour eux périr le 2 juin, sur les bancs de la Convention ! Ils n’auraient pas passé ainsi après la reine, dans ce fâcheux mélange royaliste, comme une annexe misérable du procès de la royauté. Ils seraient morts eux-mêmes, tout entiers, d’un cœur invaincu ! Ils n’auraient pas subi l’affaiblissement, l’énervation des longues prisons. Ils n’auraient pas essayé de défendre leur vie. Ils seraient morts comme Charlotte Corday.

Sauf cette faiblesse qu’ils eurent de plaider, ils montrèrent beaucoup de constance dans leurs principes. Républicains sincères, invariables dans la haine des rois, pleins d’immuable foi aux libertés du monde. Du reste, fidèles aussi à la philosophie du dix-huitième siècle, sauf deux, le marquis et l’évêque, Fauchet et Sillery, tous les autres étaient de la religion de Voltaire ou de Condorcet.

On voit encore aux Carmes les trois ou quatre greniers qu’y occupèrent les Girondins. Les murs sont couverts d’inscriptions. Pas une n’est chrétienne. Le mot Dieu n’y est qu’une fois. Toutes