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n’osa le montrer. Nulle pièce ne fut communiquée d’avance aux défenseurs. Au jour de l’ouverture des débats, Fouquier cherchait encore.

On n’était pas sans inquiétude sur la manière dont Paris prendrait cette hécatombe. L’immense majorité des sections était girondine, et, quoiqu’elles fussent muettes, terrifiées, tenues comme aplaties par leurs comités révolutionnaires, on craignait un réveil. À tort. Paris était très mort. Les Girondins étaient très vieux. L’attention était ailleurs. On les exhuma pour les tuer.

Toutefois on crut utile de créer une diversion (et burlesque) à la tragédie, comme la queue du chien d’Alcibiade. Des femmes de clubs, coiffées du bonnet rouge, habillées en hommes et armées, se promenèrent aux Halles, trouvèrent mauvais que les poissardes n’eussent pas la cocarde. Celles-ci, royalistes et fort colères, comme on sait, tombèrent sur les belles amazones, et leurs robustes mains leur appliquèrent, au grand amusement des hommes, une indécente correction. Paris ne parla d’autre chose. La Convention jugea, mais contre les victimes ; elle défendit aux femmes de s’assembler. Cette grande question sociale se trouva ainsi étranglée par hasard.

Une autre chose fit tort aux Girondins. On plaça leur procès immédiatement après celui du député Perrin, condamné aux fers pour spéculations scandaleuses, exposé le 19 à la place de la Révolution. Ils trouvèrent ainsi l’échafaud sali par un voleur. La foule, qui n’y regarde guère, les voyant exécutés