Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/449

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tribunes émues. On entre dans son chagrin ; on fait venir la police. Hélas ! elle ne sait rien ; elle n’a sur les registres aucun mandat d’amener. On finit par découvrir, grâce à cette longue filière, ce que Collot certainement avait deviné tout d’abord, que c’est le Comité de sûreté qui a fait faire l’enlèvement.

Un Jacobin enlevé à l’insu de la société, à l’insu de toute autorité, et du Comité de salut public, et de la Commune, et de la police municipale, et des comités de sa section ! c’était un fait nouveau, renouvelé de l’inquisition de Venise. La société tout entière se mit en mouvement ; elle alla en masse au Comité de sûreté et lui arracha Desfieux. Il rentra triomphant, le 17, aux Jacobins.

Collot, le même jour, y montait une forte scène contre Couthon et Robespierre, voulant rendre coup pour coup. Couthon, pour se concilier la société, avait imaginé de demander quarante Jacobins pour l’aider à régénérer Lyon. « Il n’y a qu’un mot qui me blesse dans ces nouvelles de Lyon, dit Collot malignement : c’est cette trouée par laquelle les rebelles ont échappé. Faut-il croire qu’ils ont passé sur le corps des patriotes ? ou bien ceux-ci se seront-ils dérangés pour les laisser passer ?… »

La société, peu satisfaite, accueillit d’autant mieux une proposition que jadis Robespierre avait fait rejeter, celle de mettre Marat au Panthéon, avec Chalier et J.-J. Rousseau.

Il devenait probable, d’après ceci, que Dubois-