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Robespierre s’anima et dit : « Non, je ne puis, comme Julien, faire bon marché du sang des patriotes… La prise de Lyon n’a pas rempli l’espérance des bons citoyens… Tant de scélérats impunis, tant de traîtres échappés ! Non, il faut que les victimes soient vengées, les monstres démasqués, exterminés, ou que je meure ! »

Ainsi Robespierre reculait, il abandonnait Couthon. Hébert à l’instant recula ; la Commune brûla le rapport de Julien.

La reculade de Robespierre aurait été sans dignité, s’il n’eût au moment même frappé un nouveau coup.

Un Jacobin influent, ami d’Hébert et de Collot, disparut le matin du 15, sans que personne pût en donner nouvelle.

Collot, le soir, aux Jacobins, arriva si furieux que les robespierristes, effrayés, le prévinrent eux-mêmes, demandèrent une enquête. L’homme enlevé était Desfîeux, ex-espion du Comité de salut public. Il logeait avec un homme plus suspect encore, un Proly, Autrichien, bâtard du prince de Kaunitz. Ils avaient disparu tous deux. Collot jette feu et flamme ; il se garde bien de vouloir deviner que l’enlèvement mystérieux est l’œuvre du Comité de sûreté générale. Il veut ignorer, crie, cherche, pleure, rugit : « On nous prendra tous, dit-il, aujourd’hui l’un, demain l’autre. » De là il court à la Commune et recommence la scène, dans la grande assemblée du conseil général, devant les