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reconnaître déjà non seulement le peuple héros, mais le peuple militaire.

Du reste, les Autrichiens avouèrent que jamais telle artillerie ne frappa leur oreille. Cela évidemment veut dire qu’aucune ne tira des coups si pressés.

Trois régiments autrichiens furent mis en pièces et disparurent. Leur artillerie tourna contre eux.

Une seule de nos brigades échoua, ayant reçu de front l’épouvantable orage de la cavalerie ennemie. Cobourg s’était enfin éveillé ; il avait lancé la tempête.

Prodigieuse fermeté de nos soldats ! rien ne fut troublé. Cette malheureuse colonne se reforma à deux pas de là. Carnot et Duquesnoy, les représentants du peuple, destituèrent le général, prirent le fusil et marchèrent à pied, montrant aux jeunes soldats comment il fallait s’en servir.

Carnot avait avec lui deux dogues de combat, très féroces, Duquesnoy, le représentant, et son frère, le général. Le premier, ancien moine et depuis paysan, était né furieux. En prairial, il ne se manqua pas ; d’autres se blessèrent, lui d’un mauvais ciseau il se perça le cœur. Son frère, l’un des exterminateurs de la Vendée et blessé des pieds à la tête, est bientôt mort aux Invalides. Ce furent en réalité ces deux enragés, qui, avec Carnot et Jourdan, gagnèrent la bataille. Jourdan se fixa invincible sur le plateau de Wattignies.

L’armée ennemie avait profité de l’affaiblissement