louant ou les blâmant selon leurs différents actes, jour par jour et heure par heure, ne doit pas néanmoins laisser incertaine pour nos lecteurs la voie que nous aurions suivie, si nous eussions siégé nous-même à la Convention.
S’ils nous demandent quel banc et quelle place nous aurions choisie, nous répondrons sans hésiter : Entre Cambon et Carnot.
C’est-à-dire que nous aurions été Montagnard et non Jacobin.
On oublie trop fréquemment qu’une grande partie de la Montagne, les Grégoire, les Thibaudeau, beaucoup de députés militaires, restèrent étrangers à la société jacobine. Les dantonistes, spécialement Camille Desmoulins, quoiqu’ils y aient été de nom, lui furent très contraires d’esprit.
L’esprit inquisitorial, l’esprit de corps, l’esprit-prêtre, le violent machiavélisme de la grande société, aidèrent sans doute puissamment à comprimer nos ennemis, mais ils les multiplièrent. Les Jacobins entreprirent l’épuration complète de la nation, en arrêtant tous les suspects.
Mais au bout de quinze mois du règne des Jacobins, la France entière était suspecte.
La Gironde, d’autre part, eut le défaut tout contraire, défaut grave en révolution, je veux dire la tolérance. La tolérance du mal, n’est-ce pas le mal encore ? La tolérance de l’ennemi est-elle loin de la trahison ? La Gironde, il est vrai, vota des lois sévères, mais elle refusait les moyens de les faire exécuter.