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ser les drapeaux jaunes et noirs de l’Autriche, une grande victoire sur la coalition.

La reine fut expédiée en deux jours, 14 et 15. Elle périt le 16, jour de la bataille, et sa mort eut peu d’effet à Paris. On pensait à autre chose, au grand scandale de Lyon et à la lutte désespérée, terrible, que soutenait l’armée du Nord.

La reine était coupable, elle avait appelé l’étranger, Cela est prouvé aujourd’hui[1]. On n’avait pas les preuves ; elle essaya de défendre sa vie. Elle dit qu’elle était une femme, une épouse obéissante, qu’elle n’avait rien fait que par la volonté de son mari, rejetant la faute sur lui.

Ce qu’il y eut de plus saisissant dans ce procès, c’est qu’on y fit paraître des témoins inutiles, des hommes condamnés d’avance, le constitutionnel Bailly, le Girondin Valazé, Manuel ou la Montagne

  1. Prouvé : 1° par les aveux de M. de Bouille le père, 1797 ; 2° par la déclaration plus positive de M. de Bouille le fils (1823), qui eut en main un billet où le roi et la reine disaient eux-mêmes qu’ils feraient appel aux armes étrangères ; 3° par la lettre où la reine écrit à son frère, le 1er juin 1791, pour obtenir un secours de troupes autrichiennes. (Revue rétrospective, 1835, d’après la pièce conservée aux Archives nationales.) — La famille de la reine ne fit rien pour elle. L’Autriche, nous l’avons dit, ne faisait la guerre que pour ses intérêts, nullement pour Louis XVI ou Marie-Antoinette. — Je ne crois pas un mot de ce qu’ont dit plus tard les hommes de la coalition pour excuser la cruelle indifférence de leurs princes, qu’un Linange avait offert la paix en échange de la reine. (Mémoires d’un homme d’État, II, 316.)

    Si M. de Mercy, ami personnel de la reine, offrit de l’argent à Danton pour la sauver, il était donc bien ignorant de la situation ; il se trompait d’époque. Danton ne pouvait rien, n’était plus rien alors. — Charles IV a dit aussi, pour s’excuser, que son ministre avait fait ce qu’il avait pu, mais que Danton voulait de l’or. M. Artaud ne manque pas de répéter ces sots mensonges. — Il n’y a rien certainement que ce que nous avons dit plus haut d’après les registres du Comité de sûreté générale.