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tives (avis à la Commune, à la royauté d’Hébert et Bouchotte), l’autre pour limiter les pouvoirs des représentants aux armées. Cette formule simple et redoutable de centralisation fut donnée par Billaud-Varennes. Et l’esprit du nouveau gouvernement fut donné le 10 par Saint-Just.

Ce manifeste original, parmi beaucoup de choses fausses et forcées, déclamatoires ou trop ingénieuses, n’est pas moins imposant, respectable, par un accent vrai de douleur sur l’irrémédiable corruption du temps. C’est la voix d’une jeune âme hautaine et forte, impitoyablement pure, résignée à une lutte impossible, où elle s’attend bien à périr. Cette voix métallique et qui a le strident du glaive plane, terrible, sur tous les partis. Pas un qui ne baissât la tête en écoutant. Pas un qui refusât son vote. Il fut réglé que le gouvernement restait révolutionnaire jusqu’à la paix, que les ministres dépendaient du Comité, qu’un tribunal demanderait des comptes à tous ceux qui avaient manié les deniers publics.

Terreur sur tous.

Personne, même les plus purs, n’eût pu répondre à une telle enquête, dans le désordre du temps. Ce qui effraya encore plus, c’est que Saint-Just n’avait pas craint de dénoncer ceux que Robespierre ménageait jusque-là, stigmatisant l’insolence des gens en place, nommant en propres termes le tyran du monde nouveau, la bureaucratie.

L’effroi commun rapprocha des gens qui ne