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Couthon, comme Robespierre, avant 1789, était un philanthrope, bien plus qu’un révolutionnaire. On a de lui un drame qu’il écrivait alors, plein de sensibilité et de larmes, dans le genre de La Chaussée.

Au temps où nous sommes arrivés, tous deux, s’ils n’avaient pas la clémence dans le cœur, ils l’avaient dans l’esprit. Robespierre voulait arracher aux deux partis les deux puissances, aux dantonistes la clémence, aux hébertistes la rigueur, transférer ces deux forces des mains impures, suspectes, aux mains des honnêtes gens, c’est-à-dire des robespierristes.

L’essai était infiniment périlleux et ne pouvait se faire que sur des questions toutes nouvelles, nullement sur celles qui étaient irrévocablement lancées dans la polémique révolutionnaire.

Garat raconte qu’au mois d’août, il fit une tentative auprès de Robespierre pour sauver la Gironde. Il lui lut une espèce de plaidoyer pour la clémence. Robespierre souffrait cruellement à l’entendre. Ses muscles jouaient d’eux-mêmes. Les convulsions ordinaires de ses joues étaient fréquentes, violentes. Aux passages pressants, il se couvrait les yeux. Que pouvait-il pour la Gironde ? Rien, ni lui ni personne. Il sentait bien toutefois qu’une des meilleures chances pour relever l’autorité, c’eût été, dans une question possible et neuve, c’eût été de saisir les cœurs par un effet d’étonnement, par un retour subit à la clémence qui