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qui lui était le plus antipathique, dans l’appui de leur presse, la force populaire qu’il n’avait pas en lui, cette dure et humiliante nécessité devait l’aigrir encore. Ce qu’il avait refusé en 1790, il le devint réellement en 1793, le grand accusateur public. Ses véhéments réquisitoires aux Jacobins emportèrent et juges et jurés, et forcèrent la mort de Custine.

Son triomphe toutefois du 23, qui avait terrorisé la Convention, qui lui avait mis en main et la justice et la police, ce jour qui l’avait tant grandi sur les ruines des dantonistes et des hébertistes à la fois, lui permettait de suivre une plus libre politique. Il le tenta en octobre. Il fit un pas dans les voies de la modération, un pas, et les circonstances le refoulèrent dans la Terreur.

Pendant ce mois, sa stratégie fut si obscure que les robespierristes s’y trompaient à chaque instant, croyant lui plaire et le servir en des choses, prématurées sans doute, qu’il se hâtait de désavouer.

Cependant deux choses furent claires :

1° Ses ménagements pour les soixante-treize, qu’il refusa d’envelopper dans la perte des Girondins ;

2° La modération étonnante que son alter ego, Couthon, son homme et sa pensée (bien plus étroitement que Saint-Just), osa montrer à Lyon dans tout le mois d’octobre, — au point de s’aliéner tous les violents, de pousser à la dernière fureur les amis de Chalier.