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à celle de Saint-Just. Les soixante —treize, qui, en juin, avaient protesté contre la violation de l’Assemblée, étaient là présents et la plupart ne se défiaient de rien. Tout à coup Amar demanda qu’on décrète « que les portes soient fermées ». Le tour est fait. Les soixante-treize sont pris comme au filet. L’arrestation est votée sans discussion. Les voilà parqués, à la barre, pauvre troupeau marqué pour la mort.

Dans cette foule de soixante-treize représentants, sans doute fort mêlée, ceux qui ont vécu jusqu’à nous, les Daunou, les Blanqui et autres, étaient très sincèrement républicains et seraient morts pour la République.

Jusque-là l’affaire avait une apparence hideuse, celle d’un guet-apens. Quelques Montagnards demandaient que les soixante-treize fussent jugés avec les vingt-deux. Mais voici que les soixante-treize trouvent dans l’Assemblée un défenseur inattendu. Robespierre se lève et parle pour eux. L’étonnement fut au comble.

« La Convention ne doit pas multiplier les coupables, dit Robespierre, il suffit des chefs. S’il en est d’autres, le Comité de sûreté générale vous en présentera la nomenclature. Je dis mon opinion en présence du peuple, je la dis franchement et le prends pour juge… Peuple, tu ne seras défendu que par ceux qui auront le courage de te dire la vérité ! »

Amar, parlant de lire les preuves contre les soixante-treize : « Cette lecture, dit Robespierre, est absolument inutile. »