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Ils craignaient extrêmement que Couthon, qui alors marchait sur Lyon avec des masses de paysans armés, n’eût la gloire de l’affaire et ne donnât aux robespierristes la seule chose qui leur manquât, un succès militaire. Dubois-Crancé, dantoniste allié aux enragés de Lyon, avait fait des efforts incroyables, il avait sauvé tout le Sud-Est. Le fruit de ce travail immense, Couthon allait le recueillir, se couronner, couronner Robespierre. Le 30 septembre et jours suivants, les cinq du Comité écrivirent trois fois en trois jours à Dubois-Crancé qu’il fallait à l’heure même forcer Lyon, y entrer avant l’arrivée de Couthon. Lyon résistait avec des efforts désespérés, du moins pour choisir son vainqueur, aimant mieux, s’il fallait se rendre, se remettre aux mains de Couthon désintéressé dans l’affaire qu’à celles de Dubois-Crancé, aigri par un long siège, ami des amis de Chalier, et qui n’eût pu rentrer qu’en vainqueur irrité, en vengeur du martyr.

Le Comité eut beau faire : la fortune de Robespierre eut l’ascendant à Lyon comme à Paris, et presque en même temps il porta un coup très grave au Comité devant la Convention.

Le 3 octobre, par une belle et douce matinée d’automne, où les arbres, épargnés par la saison plus longtemps qu’en 1792, semaient lentement leurs feuilles, on annonça à la Convention que le rapporteur du Comité de sûreté, Amar, allait faire son rapport sur les Girondins.

La longue et froide diatribe n’ajoutait pas un fait