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assommé les représentants dont la gloire militaire relevait la Convention. Il bâtonna Merlin sur le dos de Briez : « Si j’avais été dans Valenciennes, je ne serais pas ici pour faire un rapport… J’y aurais péri. Qu’il dise tout ce qu’il voudra, il ne répondra jamais à ceci : « Êtes-vous mort ? »

L’Assemblée foulée aux pieds n’avait qu’à remercier. C’est ce qu’elle fît par Bazire. Il fut, comme au 5 septembre, l’organe de la faiblesse commune. Il saisit l’occasion des cinquante millions que Billaud voulait rendre et que Robespierre avec dignité déclara vouloir garder. « Où en serions-nous, dit Bazire, si Robespierre avait besoin de se justifier devant la Montagne ?… On ne peut repousser sa proposition ; il demande que la Convention déclare que son Comité a toute sa confiance. » À cet appel des accusateurs du Comité en faveur du Comité, l’Assemblée entière se leva et donna le vote de confiance.

Ce vote eut des conséquences immenses, que personne n’attendait. Robespierre et l’Assemblée s’étaient trouvés en face, et l’Assemblée avait tremblé. Celui qui a eu une fois cet avantage le garde fort longtemps. Robespierre l’a gardé jusqu’au 9 thermidor.

La Convention était tellement dominée désormais que, le lendemain 26, elle lui remit en quelque sorte les deux glaives, Justice et Police ; je veux dire que le tribunal révolutionnaire et le Comité de sûreté générale furent renouvelés entièrement sous son