Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Saint-André et Billaud reprirent sur l’utilité du Comité de salut public et la nécessité de tenir secrètes les grandes opérations. — Et Billaud immédiatement : « Nous allons faire en Angleterre une descente de cent mille hommes !… Nous avons levé dix-huit cent mille hommes !… » — Barère : « En Vendée seulement, quatre cent mille hommes en vingt-quatre heures ! » L’Assemblée applaudit vivement ces exagérations, l’indiscrétion surtout de Billaud-Varennes, qui, sortant de son caractère, criait dans la Convention un projet si loin de l’exécution, et dont le secret eût pu seul assurer le succès.

Dans tout cela, pas un mot de réponse à ce qui faisait l’objet de la séance. L’objet, bien posé, était celui-ci :

Doit-on guillotiner Ronsin et Rossignol pour avoir livré à la mort une armée de la République ?

Doit-on chasser Bouchotte, qui, dans un ministère de cinq mois, n’a organisé encore ni le matériel ni le personnel, qui, des trois cent mille hommes décrétés en mars, n’envoie presque rien aux armées ?

Les dantonistes furent pitoyables. Ils n’osèrent rappeler l’Assemblée à la question. Ils avaient en main un procès terrible pour accabler leurs ennemis. Ils s’en servirent à peine. Thuriot aboutit à sa feuille morale. Merlin (de Thionville) ne montra point à la Convention l’intrépidité qu’il avait sur les champs de bataille. S’il eût pointé aux héber-