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la guerre. À la chaleur de cette lettre, tout dégela. Les paroles glacées eu l’air se fondirent et se firent entendre. Le représentant Briez, que la trahison avait forcé de rendre Valenciennes et qui restait depuis en suspicion sans oser même se justifier, parla et parla si bien que la Convention, non contente de décréter l’impression du discours, décréta l’adjonction de Briez au Comité de salut public.

Au moment où le Comité recevait ce terrible coup, Merlin (de Thionville) survint, comme le matador sur le taureau blessé, pour enfoncer le glaive. Il donna l’affaire de Ronsin.

Plusieurs membres se lèvent : « Et que dit à cela le Comité de salut public ? que ne parle-t-il ? »

Le Comité parla, mais d’abord par Billaud-Varennes, maladroitement, avec fureur, avec menaces contre la Convention. Barère vint au secours, louvoya suivant son procédé ordinaire, jetant à la colère de l’Assemblée ce qui suffit pour amuser les foules dans ces moments, une victime humaine. Si l’armée du Nord avait des revers, c’était la faute d’Houchard. Barère fit de ce pauvre diable un grand, un profond conspirateur. « Heureusement, dit-il, le voilà destitué. Avec les lumières des bureaux de la guerre (il flattait les hébertistes) et les lumières de Carnot (il flattait les neutres), nous ferons de meilleurs choix. — On vient de nommer Jourdan. » Prieur, l’ami de Carnot, appuya et couvrit Barère de son honnêteté connue.