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eût dû être pour paraître devant l’ennemi. Il y avait pourtant six mois que les trois cent mille hommes étaient votés. Ni subsistances, ni habillements, ni officiers supérieurs. Gossuin l’avait dit le 13 août, et cela l’a mené à la guillotine. Les généraux le disaient ; on les guillotinait. Tout revers était attribué à la trahison. Robespierre, Barère et le Comité, que faisaient-ils en poursuivant aveuglément, indistinctement, tous les généraux ? Ils excusaient Bouchotte, ils appuyaient Hébert, leur ennemi, flattaient la presse populaire, le Père Duchesne, qui, s’il eût trouvé jour, aurait hurlé contre eux et les eût menés à la mort.

Ici, c’était Levasseur, un homme de Robespierre, qui dénonçait un ministère dont Robespierre était l’allié.

La mémorable séance du 25 fut ouverte par Thuriot, de manière à donner une grande attente. Il déplora le sort de la Révolution, tombée dans la main des derniers des hommes : « N’avons-nous donc, dit-il, tant combattu que pour donner le pouvoir aux voleurs, aux hommes de sang ? Nous détrônons le royalisme et nous intronisons le coquinisme. » C’était nommer Hébert, Ronsin ; on attendait qu’il conclût à envoyer celui-ci chez Fouquier-Tinville. La Convention applaudissait violemment. Mais point. Il demanda l’impression d’une feuille morale

Chute étrange ! Elle fut relevée ; on lut la terrible lettre de Levasseur contre le ministère de