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le trouva malade, consterné, atterré. La ruine de son parti, sa débâcle personnelle, sa popularité anéantie, l’occupaient peu. Ce qui lui perçait le cœur, c’était la mort de ses ennemis. « Je ne pourrai les sauver », s’écria-t-il. Et quand il eut arraché le mot de sa poitrine, toutes ses forces étaient abattues. De grosses larmes lui tombaient ; il était hideux de douleur. Plus d’éclairs, la flamme était éteinte, la lave refroidie ; le volcan n’était plus que cendres.

Son départ fut une grande faute. Les hébertistes crièrent partout qu’il avait émigré. Les dantonistes ne furent pas soutenus de sa grande voix, puissante encore, dans leur bataille décisive du 25 septembre.

Les preuves qu’ils apportaient contre Rossignol étaient telles qu’elles devaient le faire guillotiner sur-le-champ, à moins qu’il ne prouvât qu’il était un idiot, qu’il avait signé sans comprendre. Auquel cas, c’était Ronsin qui devait porter sa tête sur l’échafaud.

Il se trouvait, par une coïncidence singulière, qu’au moment même une autre accusation presque aussi grave contre les hébertistes du ministère de la guerre arrivait de l’armée du Nord. C’était une foudroyante lettre écrite en commun par deux Montagnards de nuance différente, le maratiste Bentabole et le robespierriste Levasseur. Cette lettre dévoilait l’état épouvantable où Bouchotte et Vincent laissaient nos armées ; celle du Nord était inférieure de quarante mille hommes à ce qu’elle