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Nous ignorons malheureusement ce qui se passa au Comité de salut public. Robespierre s’y trouvait entre Collot, ami d’Hébert, et Thuriot, ami de Danton. La question était de savoir si le Comité tolérerait à jamais les furieuses folies des hébertistes, qui demandaient sa suppression et se portaient pour ses successeurs au pouvoir. La connivence du Comité pour ces scélérats étourdis n’était-elle pas lâcheté ? Une lâcheté meurtrière contre soi-même ? Il était trop aisé de voir où on allait de faiblesse en faiblesse : la Gironde aujourd’hui, demain les dantonistes ; que leur manquerait-il alors ? L’immolation de Robespierre lui-même !

Robespierre le voyait aussi bien que les autres, et ne répondait rien. Tout cela se passait au Comité devant Collot d’Herbois, autrement dit devant Hébert. Ce silence obstiné, cette patience par delà tous les saints étonnait, effrayait.

Les dantonistes aimèrent mieux briser en face, se séparer, que de se laisser toujours entraîner. Ils avaient cédé le 5 septembre, parlé pour leurs ennemis. Qu’y avaient-ils gagné ? Ceux-ci, depuis ce jour, étaient plus insolents, plus altérés de leur sang.

Thuriot, le président du 5 septembre, donna le 20 sa démission du Comité de salut public.

Danton quitta la Convention et partit pour Arcis. Pour rien au monde, il ne voulait livrer les Girondins.

Le bon Garat, qui alla le voir avant son départ,