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bagatelles. En réalité, il s’agissait de l’incendie de trois départements, de l’extermination d’un peuple. La tragédie monta très haut, quand Bourdon, déchirant le voile, Bourdon l’enragé, le sauvage, cria : « Que voulait-on ? Pouvais-je davantage ?… J’ai brûlé sept châteaux, douze moulins, trois villages… Vous ne vouliez pas apparemment que je laissasse debout la maison d’un seul patriote ?… » Et en même temps il sommait Robespierre de dire s’il n’avait pas donné des preuves écrites de tout ce qu’il avançait au Comité de salut public… On le fit taire à force de cris.

Le plus triste fut de voir Danton parlant contre les dantonistes, louant Henriot, louant Rossignol, mendiant la faveur de ses ennemis.

Le faible de Robespierre et Danton pour Rossignol, un ouvrier devenu général en chef, s’explique certainement. Nous ne voyons pas cependant qu’il ait été le même pour les vrais héros sans-culottes, pour Hoche, fils d’un palefrenier, neveu d’une fruitière, pour Jourdan, que sa femme nourrissait en vendant dans les rues des petits couteaux, etc.

Cette séance offrit ce curieux spectacle d’Hébert, fort et majestueux, paisible, encourageant, rassurant Robespierre, le poussant et le retenant. « Sois tranquille, Robespierre… Ne réponds pas, Robespierre, à ces propositions insidieuses », etc. Pour Danton, il avait beau se mettre en avant et vouloir plaire, Hébert n’y daigna prendre garde.

L’issue naturelle, attendue, était que Bourdon fût