Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

savait parfaitement que les Vendéens croyaient tout gagner s’ils frappaient un grand coup sur l’armée de Mayence ; le reste ne leur importait guère. Ils faisaient front du côté de Kléber et tournaient le dos à Ronsin. Il avait chance de les trouver très faibles. Il convoque un conseil de guerre, annule sans façon le plan du Comité de salut public.

Qui le rendait clone si hardi ? Il comptait sur deux choses : la partialité des représentants Choudieu, Bourbotte pour Rossignol, et les ménagements de Robespierre pour tout le parti hébertiste.

Bourbotte, l’Achille de la Vendée, brave et de peu de tête, avait avec Rossignol une maîtresse commune, une camaraderie de viveur. Pour Robespierre, il n’y avait pas à songer à lui donner une maîtresse. Mais on avait réussi à mettre près de lui, honnête homme, un bon sujet, un certain d’Aubigny, qui, par de grands dehors, d’honnêteté, le capta jusqu’à l’engouement. Ce très habile agent travaillait d’autant mieux qu’il ne ressemblait pas en tout aux hébertistes. Il défendait les prêtres, moyen sûr de plaire à Robespierre. Il entra le 24 comme adjoint à la Guerre, fort appuyé de Robespierre et de Saint-Just, qui le vantaient aux dépens de Garnot.

La séance du 11, aux Jacobins, fut terrible. Futile en apparence, personne n’osant dire les mots de la situation, et d’autant plus terrible. Tous s’exprimaient à mots couverts et s’entendaient parfaitement. Bourdon était là, traduit devant les Jacobins : on parlait de la voiture volée par Rossignol et autres