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à la Convention, il y eut un triomphe, revint plus puissant que jamais. Ce fut Bourdon qu’on rappela.

Que Carnot et le Comité refusassent à ce favori l’armée de Mayence, c’était un effort héroïque qu’ils n’étaient pas en état de soutenir. Rossignol et Ronsin, en effet, au lieu d’obéir, discutèrent encore en Conseil à Saumur pour retenir les Mayençais. Vaincus par la majorité, ils signèrent enfin le plan de Canclaux, adopté par le Comité de salut public. Canclaux, Kléber partant de Nantes, Rossignol partant de Saumur, devaient percer la Vendée et se réunir à Mortagne. Un lieutenant de Rossignol, qui commandait sur la côte, devait appuyer Canclaux sur la droite.

Le 5 septembre changea toute la face des choses. Ronsin, voyant la victoire des hébertistes à Paris, se voyant lui-même en passe de commander l’armée révolutionnaire, de quitter la dictature militaire de la Vendée pour celle de la France, Ronsin regretta vivement de s’être engagé à soutenir l’armée mayençaise. Pour qu’un faiseur de bouts-rimés, fait général en quatre jours, montât si haut, passât sur le corps à tous les généraux, il fallait un prétexte ; il fallait qu’au plus tôt il eût quelque succès, tout au moins l’ombre d’un succès : et il lui était aussi infiniment utile que cette armée, qu’on ne lui donnait pas, fût écrasée dans la Vendée, de sorte que, par cette défaite, on démontrât l’habileté du général Ronsin qui avait prévu ces malheurs. Ronsin