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la mort ; on les chassait tout nus, on jetait sur la France deux ou trois cent mille mendiants.

J’ai sous les yeux une masse de lettres qui montrent la situation épouvantable de ces malheureux patriotes. Les royalistes étaient plus heureux. Pendant que Barère, à la tribune, les exterminait deux fois par semaine, ils faisaient leurs moissons tranquillement. Mais les patriotes, s’ils restent, ils sont toujours sous le coup de la mort. S’ils partent, ils meurent de faim et de misère. On les reçoit avec défiance. « Ah ! vous êtes de la Vendée !… Crevez, chiens !)) C’est l’hospitalité qu’ils trouvaient partout.

Le système des hébertistes était-il celui du Comité ? Le contraire est prouvé. Il leur faisait écrire (1 er et 9 septembre) qu’on ne pouvait brûler les patriotes. Le plus simple bon sens disait en effet qu’on risquait non seulement de faire mourir de faim la Vendée républicaine, mais de royaliser la Vendée neutre, de la jeter par la misère et le désespoir dans l’armée des brigands. C’est ce qui arriva en 1794.

Lors donc que Rossignol déclara naïvement qu’il allait brûler tout, Bourdon, Goupilleau, reculèrent. Bourdon, ex-procureur, très corrompu, ivrogne et furieux, était né enragé. Cependant ce Bourdon, cette bête sauvage, quand il entendit Rossignol, il recula trois pas.

De lui faire entendre raison, nul moyen. On n’en trouva qu’un, ce fut de le faire empoigner comme voleur, pour une voiture qu’il avait prise. Envoyé