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le 6 au Comité de salut public. Choix sinistre. Collot, c’était l’ivresse (même à jeun), les bruyantes colères, vraies ou fausses, le rire et les larmes, l’orgie à la tribune. Ce puissant amuseur des clubs, le plus furieux des hommes sensibles, faisait peur même à ses amis.

À cette terreur fantasque (qui est la plus terrible) le Comité opposa la terreur fixe, gouvernementale et mathématique, Billaud-Varennes. Il s’adjoignit pour membre le patriote rectiligne Billaud, c’était la ligne droite, le proscripteur inflexible de toutes les courbes. La courbe, c’est la ligne vivante ; Billaud, sans sourciller, eût proscrit toute vie.

Le contrepoids possible à ces hommes, c’eût été Danton. Mais il déclara que jamais il n’entrerait au Comité.

Pour y entrer, il fallait accepter deux conditions terribles, devant lesquelles il faiblissait :

La mort des Girondins ;

La mort de la Vendée.

Je dis la Vendée patriote. Celle-ci, pêle-mêle avec la Vendée royaliste, devait périr dans le système des maîtres de la situation, les hébertistes. L’ami d’Hébert, Ronsin, se chargeait de faire un désert de deux ou trois départements. Il comptait laisser à l’avenir ce monument de son nom.

Ce Ronsin était le grand homme de guerre du parti, sa glorieuse épée… Auteur de mauvais vaudevilles, c’était cependant un homme d’esprit, fort résolu, singulièrement pervers, qui fut bientôt