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qu’un degré pour en bâtir dessus une autre. Peu après le 5 septembre, il s’absenta, mena sa mûre malade dans son pays, la Nièvre. Était-il bien content de sa victoire ? J’en doute, elle lui imposait d’épurer et remanier les comités révolutionnaires, de limiter leur tyrannie. C’est ce qu’il essaya plus tard et qui le mena à la mort.

Hébert ne voyait rien de tout cela. Il voyait qu’il régnait. Maître de la Commune par l’absence de Chaumette, maître des Cordeliers à qui il distribuait les places de la Guerre, il enlevait les Jacobins dans les grandes questions par les défis de l’exagération, par la crainte que beaucoup avaient de cette gueule effrénée du Père Duchesne qui leur eût transporté les noms des Girondins : politiques, hommes d’État, égoïstes, etc. Les Jacobins avaient à se faire pardonner leur division du 4 et l’indécision de Robespierre.

Avec tout cela, la personnalité misérable et mesquine d’Hébert, son attitude de petit muscadin qui couvrait le petit fripon, ses tristes précédents (de vendeur de contremarques et commis peu fidèle), tout cela le laissait hésiter un peu à se charger de gouverner la France. Il eut du moins la magnanimité d’attendre. Mais quand il eut vu (le 11) Robespierre et Danton, soumis et patients, suivre docilement l’impulsion du Père Duchesne, l’impudent alors ne connut plus rien, et, le 18, il demanda le pouvoir.

En attendant, son ami, Collot d’Herbois, entra