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Les deux grandes autorités morales, Robespierre et Danton, en restaient amoindries. L’éclipsé de Robespierre au 5 septembre aurait tué tout autre homme ; la moindre blessure de la presse lui eût été mortelle en ce moment ; or la presse, c’était Hébert. Les Jacobins s’étaient divisés le 4, et ils ne s’étaient montrés le 5 qu’en seconde ligne. Pour Danton et les dantonistes, qui, en août, avaient pris l’avant-garde dans les grandes mesures de défense, ils eurent beau au 5 septembre couvrir leur nécessité d’une fière attitude révolutionnaire, ils n’apparurent qu’à l’arrière-garde des mesures de terreur. Visiblement ils étaient traînés.

Qui avait vaincu ? la Commune. Mais la Commune de Paris ne pouvait prétendre sérieusement à être le gouvernement de la France. Elle s’était faite celui de Paris, absolu et indépendant, en se faisant déclarer centre des comités révolutionnaires. En quoi elle imitait précisément les cités girondines, à qui elle faisait la guerre, et diminuait d’autant le peu qu’il y avait de gouvernement central.

La Commune était en deux hommes : Chaumette, Hébert. Dès ce jour, ils se divisèrent.

On a vu comment Chaumette avait neutralisé, escamoté le mouvement du 4, pour en faire habilement le 5 la victoire de la Commune. Véritable artiste en révolution, il fit le succès et ne s’occupa pas d’en profiter. Il avait bien d’autres pensées. Toute la Révolution de 1793 ne lui paraissait