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à la Convention et demandèrent le renvoi au tribunal révolutionnaire, au nouveau tribunal, au tribunal vierge, sévère, et l’étrenne du glaive. Voté sans discussion.

Les dantonistes étaient fort abattus. La mort avançait vers eux d’un degré. Thuriot montra cependant une gravité intrépide. Un membre ayant dit follement : « C’est peu d’arrêter les suspects. Si la liberté devient en péril, qu’ils soient massacrés ! » (Murmure général.) Thuriot interpréta dignement le sentiment de l’Assemblée : « La France n’est pas altérée de sang, mais de justice. »

Deux curieuses carmagnoles égayèrent ce sombre jour. Chaumette demanda que les Tuileries et autres jardins publics fussent cultivés en légumes. « Ne vaut-il pas mieux, dit-il, des aliments que des statues ? »

Mais Barère fit le bonheur de l’Assemblée en donnant une nouvelle qu’il réservait pour la fin : « On a pris, dit-il, un neveu de Pitt !… » La joie fut telle que pendant longtemps il ne put continuer.

Barère résuma la journée avec sa netteté ordinaire : « Les royalistes ont voulu organiser un mouvement. .. Eh bien ! ils l’auront… (Applaudissements.) Ils l’auront organisé par l’armée révolutionnaire qui, selon le mot de la Commune, mettra la terreur à Tordre du jour… Ils veulent du sang… eh bien ! ils auront celui des leurs, de Brissot et d’Antoinette… »