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Royer, au contraire, soutint (tout en louant la candeur, la pureté de Robespierre) qu’il n’y avait qu’à s’unir au mouvement : « Cessons nos séances, dit-il, ne parlons plus, agissons… Rendons-nous avec le peuple dans le sanctuaire des lois… Qu’autorisé par l’Assemblée, il saisisse dans les maisons ceux qui le trahissent et les livre aux juges ; qu’il assure sa liberté par l’anéantissement de ses ennemis. »

À part de la députation, un homme personnellement attaché à Robespierre, le Jacobin Taschereau, observait à l’Hôtel de Ville. Cela lui tourna mal ; reconnu et saisi, l’explorateur fut arrêté par les administrateurs de police. Peut-être savait-on déjà le mot sévère dont Robespierre avait flétri l’émeute, l’appelant l’œuvre de quelques intrigants.

Qu’un Jacobin aussi connu, un homme de Robespierre, fut si peu respecté, c’était un fait sinistre. Jusqu’à quel point la Commune elle-même trempait-elle dans le mouvement qu’on préparait contre la Convention, et jusqu’où irait-elle ? On ne pouvait le deviner. Robespierre était à ce moment président de l’Assemblée (du 26 août au 5 septembre inclusivement) ; le 5 encore jusqu’au soir, il devait présider. N’avait-il pas à craindre ? Les ennemis de la Montagne n’avaient-ils pas dit hautement que c’était Robespierre que Charlotte Corday eût dû poignarder ? Il avait toujours soutenu les hébertistes de la guerre, mais il savait parfaitement qu’Hébert était un scélérat qui eût profité de