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sections, il semble qu’on. ait agi d’abord sur la partie la plus rude du faubourg Saint-Antoine, la moins intelligente, peuplée de jardiniers, maraîchers, qu’on trompait plus aisément que les ouvriers. Le mouvement partit de la lointaine section de Montreuil, espèce de banlieue enfermée dans Paris[1].

Montreuil poussa le vrai faubourg, les Quinze-Vingts, la grande section des ouvriers, et entraîna Popincourt (appendice du faubourg, sa troisième section).

Le mot de ralliement essentiellement populaire, et pour lequel tous les partis pouvaient s’entendre, était simple : Du pain !

On proposa le 4, au nom de la section de Montreuil, que, dans tout le faubourg, le lendemain à cinq heures du matin, on battît la caisse, et que tous, hommes, femmes et enfants, sans armes, mais en ordre, par compagnies, on se réunît sur le boulevard « pour aller demander du pain ».

À quoi l’on ajouta aux Quinze-Vingts une proposition plus révolutionnaire : « Qu’on enverrait à l’Évêché des commissaires avec pouvoirs illimités. »

Tout cela dans la matinée. Mais le peuple, qui n’y entendait point malice, au lieu d’attendre au lendemain, le peuple, le soir même, alla droit à l’Hôtel de Ville. Le flot descendit de lui-même et la rue du faubourg et la grande rue Saint-Antoine, et, par l’arcade Saint-Jean, déboucha à la Grève.

  1. Procès-verbaux de la Commune et des sections. (Archives de la Préfecture de la Seine et delà Préfecture de police.)