avec le soldat et d’augmenter sa solde ! ces signes universels de débâcle les rendaient fous de joie. Ils faisaient des chansons sur la levée en masse, déjà ridicule en Vendée. Un représentant avait dit : « Qu’en faire de cette levée ? et qui m’en débarrassera ? »
Leur folie alla jusqu’à jouer au Palais-Royal le triomphe de la reine. On voyait dans une pièce une dame charmante, prisonnière avec son fils dans une tour (et, pour qu’on ne s’y trompât pas, la tour était copiée sur celle du Temple) ; la prisonnière était glorieusement délivrée, et, dans les libérateurs, tout le monde reconnaissait Monsieur et le comte d’Artois.
Ces audacieux étourdis, ne ménageant plus rien, reprenaient à grand bruit leur vie d’avant 1789. Les somptueuses voitures, depuis longtemps sous la remise, étaient sorties, roulaient, brûlaient le pavé de Paris ; on les admirait brillantes en longues files aux portes des théâtres. La pièce à la mode était Paméla, drame larmoyant, sentimental, où le beau rôle était pour les Anglais (pendant qu’ils assiégeaient Dunkerque !). Toute allusion contre-révolutionnaire était vivement saisie. Les élégants, braves au théâtre, sous les yeux de leurs maîtresses, sifflaient intrépidement tout ce qui, de près ou de loin, était favorable à la République. Un militaire jacobin ayant osé en faire autant pour des passages royalistes, tout le monde se jeta sur lui. Le Comité de salut public ferma le théâtre.