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ces des Jacobins. Custine périt le 27 août, le jour même où les royalistes livraient Toulon à l’ennemi.

Les actes suspects de Custine avaient été dictés par une idée juste au fond, et que la paix de Bâle devait confirmer, à savoir : Que la Prusse haïssait la France moins qu’elle ne haïssait l’Autriche. Dès les premiers jours de juillet, la Prusse avait écrit à la République française pour échanger les prisonniers. De toutes les puissances, c’était celle qu’on pouvait espérer détacher de la coalition.

Cette vérité était palpable, et c’est elle qui guida Carnot. Il crut que la Prusse agirait tard, et il hasarda une chose qui l’eût rendu tout aussi accusable que Custine, si le succès ne l’eût lavé : il osa affaiblir l’armée, déjà trop faible, du Rhin.

Il jugea que la coalition était une bande de voleurs qui n’avaient nulle idée commune, dont chacun voulait piller à part. Cela se vérifia. L’entente des Anglais et des Autrichiens dura, en tout, quinze jours, du 3 au 18. Le 18, une lettre de Pitt sépara York de Cobourg. Il écrivit : a Je veux Dunkerque. »

Même division sur le Rhin. Le 14 août, parut dans les journaux l’acte par lequel la Russie s’adjugeait moitié de la Pologne. La Prusse réclama sa part, et, pour plus de deux mois encore, elle ajourna sur le Rhin la coopération qu’attendaient l’Autriche et les émigrés.

Donc Carnot avait eu raison. Cela était prouvé, même avant de tirer un coup de fusil.