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Il était loin d’être innocent, et toutefois il n’avait pas trahi.

Aristocrate d’opinion et de caractère, dur dans le commandement, Custine avait injustement accusé Kellermann et d’autres. Il n’avait nullement ménagé les patriotes allemands, jusqu’à menacer de pendre le président de la Convention de Mayence ! Cela seul méritait une peine exemplaire.

Il avait plu beaucoup d’abord, comme partisan de l’offensive, malgré Dumouriez. Mais, l’offensive ayant manqué, il était devenu comme lui diplomate. Il ménageait les Prussiens et prit sur lui d’inviter à capituler la garnison de Mayence.

Eût-il pu secourir la place ? Évidemment non. Dans l’état d’affaiblissement et de désorganisation où était l’armée, il avait tout à risquer. Il n’eût pas fait un pas contre les Prussiens sans que l’Autriche en profitât, sans que le bouillant Wurmser le prît en flanc et inondât l’Alsace.

Custine, en réalité, n’osa se défendre. Il n’osa dire ce que Gossuin avait dit le 13 août à la Convention, ce que Levasseur et Bentabole écrivaient encore à la fin de septembre : Le ministère de la Guerre ne fait rien pour mettre nos armées en état d’agir.

Il ne dit point ce mot. Il eut peur des clubs et de la presse. Le jugement fut précipité. On craignait excessivement, et à tort, que l’armée ne prît parti pour lui. Paris était très agité. Les jurés furent parfois siffles des royalistes et mena-