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héroïque, lui donnèrent un gage d’estime, de fraternité militaire, en suspendant le feu pendant les funérailles et s’associant ainsi au deuil de la France.

Dès le 26 avril, Custine, général de notre armée du Rhin, ne pouvant rien faire pour la place, l’autorisait à se rendre. Refusé héroïquement. Cette magnifique résistance rendit à la France, à la République, l’immense service de la faire accepter, adopter par l’estime, dans la famille européenne, et respecter même des rois.

La résistance même cessa par l’humanité des nôtres, qui avaient essayé de faire sortir les bouches inutiles, mais qui, les voyant repoussées et sous le feu des deux armées, n’eurent pas le cœur de les laisser périr, les firent rentrer et s’affamèrent. Il fallut bien capituler enfin, lorsque les subsistances allaient manquer. Si l’on eût tenu jusqu’au dernier jour, on se rendait à discrétion et on livrait à l’ennemi un noyau d’armée admirable : seize mille de nos meilleurs soldats, qui ont écrasé la Vendée.

Tous ceux qui sortirent de Mayence avaient mérité des couronnes civiques. Sur l’accusation ridicule de Montaut et d’un autre, on arrêta les chefs ; on voulait faire le procès à Kléber et à Dubayet. Merlin fit rougir la Convention. Au reste, c’était contre lui principalement, comme ami de Danton, que le coup paraissait monté.

Il fallait une victime expiatoire. Ce fut Custine.