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les premières victimes !… Malheureux ! vous perdriez bien plus par l’esclavage que vous ne donnerez pour éterniser la Liberté. » — « Plus de grâce, disait-il encore un autre jour, meurent les conspirateurs sous le glaive de la loi ! » Et, montrant les fédérés qui étaient à la barre : « Savez-vous ce que viennent chercher chez vous ces braves fédérés ? C’est l’initiative de la Terreur. »

Un événement pouvait donner espoir. Le siège de Mayence, quelle que fût son issue, avait singulièrement relevé la France dans l’opinion de l’Europe. Qui eût pu croire que cette garnison abandonnée, cernée d’ouvrages prodigieux, sous le feu de la plus terrible artillerie, ayant en tête l’armée prussienne, la première de l’Europe, et le roi de Prusse en personne, dont l’honneur était là, qui eût cru que cette garnison tînt quatre mois ? Le bombardement fut terrible. « J’y ai vécu quatre mois, dit Kléber, sous une voûte de feu. » Les généraux Kléber et Dubayet, non contents de repousser les attaques, firent des sorties audacieuses et faillirent une nuit enlever le roi au milieu de sa grande armée. Merlin (de Thionville), représentant du peuple, dans toutes ces sorties, combattit comme un lion ; ce mot est encore de Kléber.

L’illustre Meunier, de l’Académie des Sciences, général du génie, fut malheureusement tué dans un combat nocturne, en menant une de nos colonnes. Les Prussiens, pleins d’admiration pour cette armée