La doctrine générale de Grimoard, de Carnot, de bien d’autres, était d’agir par masses. Ge sont de ces axiomes généraux qui ne sont rien que par l’application. Un seul homme avait appliqué, le grand Frédéric, qui, dans la Guerre de Sept-Ans, cerné comme un loup dans une meute d’ennemis, avait porté ici et là, brusquement, des masses rapides, leur faisant front à tous et les battant tous en détail.
Cet Allemand, forcé d’être léger par la nécessité, mit dans la guerre et dans la science de la guerre cette idée instinctive et simple que la nature enseigne à tout être en péril.
« Que faire donc ? demandait Barère. — Imiter le grand Frédéric. Prendre au Rhin de quoi fortifier l’armée du Nord, y frapper un grand coup. »
La situation était-elle la même ? Frédéric, vivement, âprement poursuivi par la France et l’Autriche, l’était bien moins par la Russie. Il put la négliger par moments pour faire face aux deux autres.
Il était douteux qu’on pût impunément, en 1793, négliger ainsi le Rhin. Les Prussiens, libres enfin du siège de Mayence, s’étaient unis aux Autrichiens. Leurs armées, débordant à la fois sur une ligne immense, menaçaient la frontière. Tout le monde s’enfuyait des villes d’Alsace. L’armée du Rhin, en pleine retraite, reculait lentement. Si elle ne pliait pas sous la masse épouvantable de l’Allemagne qui avançait, elle le devait, non à ses généraux, Custine, Beauharnais et autres qui suivirent