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deaux, étaient en pleine résistance. Si l’on voulait les rallier, il fallait, non dissoudre la Convention, mais donner une garantie qu’on la dissoudrait un jour, établir que la Convention ne voulait pas s’éterniser.

Tel fut l’avis des conciliateurs, des dantonistes.

Lacroix demanda, le 11 août : que la Convention décrétât, non la convocation des assemblées primaires, mais une enquête préalable sur la population électorale, mesure habile et dilatoire, qui calmait, sans rien compromettre.

Et, toute dilatoire qu’elle était, elle avertissait l’autorité qu’elle n’était pas éternelle, secouait sa léthargie. Elle mettait en demeure le Comité de salut public d’être ou de n’être pas, de ne point rester un roi fainéant, d’agir enfin et de se hasarder, s’il ne voulait être balayé avec la Convention elle-même.

La menace opéra. Le même jour, 11 août, le Comité commença à fonctionner sérieusement. Ce jour, il changea d’existence ; il osa, sans égard à Bouchotte, à ses patrons les hébertistes, prendre la haute main sur la Guerre. Il envoya Carnot, avec tous ses pouvoirs, pour diriger l’armée du Nord.

Qui rendit le Comité si audacieux et lui fît surmonter cette peur ? Une peur plus grande, l’union des armées alliées, la vengeance prochaine de l’émigration. L’homme le plus peureux du Comité (et le seul) était Barère. C’est celui qui eut la plus vive intelligence du péril et le plus d’audace pour