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publicité, subsister sans la presse ? Or la presse était dans Hébert depuis la mort de Marat.

On n’eût pas réussi. On eût aventuré la seule autorité morale qui restât à la République. Cette autorité subsistait, mais à condition de ne rien faire. Hébert n’était pas mûr pour la mort.

Donc Robespierre ne faisait rien. Il siégeait, écoutait, écrivait. Cinq ou six heures par jour à la Convention, autant aux Jacobins. En août, il fut président de l’une et de l’autre assemblée. Les nuits pour ses discours. Il lui restait du temps pour des occupations que nous appellerions philosophiques, académiques, pour lire à l’Assemblée l’ouvrage de Lepelletier sur l’éducation, pour écouter tout un livre de Garât sur la situation.

Tous ceux qui avaient le sens du danger ou tout au moins la peur étaient consternés de cette inertie du premier homme de la République. Plusieurs en étaient indignés.

Danton dit brutalement : « Ce b…-là n’est pas seulement capable de faire cuire un œuf ! » L’ancien ami et camarade de Robespierre, qui avait tant contribué à le diviniser vivant, Camille Desmoulins, dans une maligne brochure, en daubant l’ancien Comité, effleura le nouveau ; il toucha finement le point de la situation, à savoir que, ni dans la Convention, ni dans le Comité de salut public, personne ne surveillait la Guerre : « Membre du Comité de la guerre, dit-il, j’étais surpris de voir que notre Comité chômait. Et, comme on me dit qu’au Comité de salut