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mais prendre l’avant-garde et l’initiative, entraîner tout le monde au nom de la Pairie.

Cela ne fut pas dit, mais saisi à merveille, senti profondément. C’était le cri du cœur et du bon sens. Couthon, l’ami de Robespierre, sans attendre cette fois son avis, s’écria qu’il appuyait Danton. Saint-André en dit autant, ainsi que Cambon et Barère. Seulement ils ne voulaient point de fonds en maniement.

Robespierre dit que la proposition lui semblait vague… Il demanda, obtint l’ajournement.

« Vous redoutez la responsabilité ? leur dit Danton. Souvenez-vous que, quand je fus membre du Conseil, je pris sur moi toutes les mesures révolutionnaires. Je dis : « Que la liberté vive, et périsse mon nom ! »

Grave appel. Y répondre par l’ajournement, c’était risquer beaucoup. Qu’adviendrait-il si la chose qu’on pouvait prévoir, la chose décisive et mortelle (qu’on apprit en effet le 7) venait à se réaliser : l’union des Anglais avec les Autrichiens pour marcher sur Paris ?

La situation de la France étant si prodigieusement hasardée, il semblait que le Comité de salut public devait se hasarder lui-même, prendre la force qu’on le priait de prendre, mettre la main sur la Guerre, chasser Bouchotte ou le faire marcher droit, braver Hébert, Vincent, Ronsin, tous les chiens aboyants qui faisaient curée de la France.

Robespierre ne crut pas la chose encore possible.

Comment, dans un gouvernement d’opinion et de