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confiez-leur cinquante millions. Autrement dit : Que le Comité, gouvernement de droit, devienne gouvernement de fait, qu’il accepte toute la responsabilité. Et, pour que cette responsabilité soit entière, qu’elle ne flotte plus partagée entre le Comité et les ministres, abattons cette monarchie du pouvoir ministériel qui neutralise le Comité et qui n’agit pas davantage.

Ce qui s’était fait depuis deux mois de plus utile, d’immédiatement efficace pour le salut s’était fait sans les ministres, sans le Comité.

Seule, sans secours du centre, Nantes tint en échec la Vendée, malgré le centre même qui destituait Canclaux, l’excellent général de Nantes.

Seul, sans secours du centre, Dubois-Crancé organisa les forces montagnardes qui continrent le Sud-Est, isolèrent Lyon des Alpes, le tout, comme il le dit lui-même, sans le Comité, malgré lui.

Seul, par sa sagesse individuelle et sa modération, Robert Lindet poursuivait la pacification de la Normandie. Et le Comité n’y fît rien qu’envoyer, pour plaire aux hébertistes, un homme à moitié fou, Carrier.

Ces efforts partiels avaient suffi, pourquoi ? Parce que l’orage de la guerre était encore suspendu sur Mayence et sur Valenciennes. Maintenant il crevait ; c’était le moment de faire un gouvernement un et fort ou bien de périr.

Le Comité devait prendre résolument la direction et déclarer qu’il était ce gouvernement ; cesser d’obéir, commander ; ne plus se laisser traîner à la remorque,