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Existait-il ou n’existait-il pas ? Au moindre mot qu’on en risquait, les clubs perçaient l’air de leurs cris ; les Hébert, les Vincent, les amis de Ronsin, juraient la mort de ceux qui tenteraient cette entreprise impie.

Et cependant ils gouvernaient en réalité, ils tenaient sous une sorte de terreur le ministère de la guerre et le Comité de salut public.

Ce Comité n’existait qu’à demi. Il ne fut complet qu’en novembre. Les membres les plus actifs, Lindet, Jean-Bon Saint-André, Prieur (de la Marne), étaient toujours absents. Les présents étaient deux robespierristes, Couthon et Saint-Just, balancés par deux dantonistes (qui sortirent bientôt), Hérault, Thuriot. L’indifférent Barère voltigeait à droite ou à gauche, selon que le menait la peur.

Cet embryon de comité, forcé d’agir parfois, éprouvait le besoin de prendre consistance. Robespierre y entra malgré lui, le 27 juillet ; il le dit ainsi, je le crois. Il lui valait mieux dominer absent le Comité que d’y être lui-même. Ajoutez qu’en réalité il était homme d’autorité plus que de gouvernement, de haute influence plutôt que d’affaires. Le Comité, en obligeant Robespierre de devenir un de ses membres et de lui donner son nom, faisait un pas dans la franchise. On lui demandait d’en faire un second.

Voici sous quelle forme Danton hasarda sa proposition : Érigez en gouvernement provisoire le Comité de salut public ; que les ministres ne soient que ses agents ;