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Tuer ! c’est le seul remède que la plupart voyaient aux maux de la France.

Tuer les traîtres ! les généraux étaient tous jugés tels.

Tuer les rois ! les clubs ne parlaient d’autre chose. La Convention ordonna que la reine fut mise en jugement.

Tuer la royauté dans le passé même et dans ses tombeaux. On décréta, pour le 10 août, la destruction des tombeaux de Saint-Denis.

Les Girondins eux-mêmes, amis présumés de la royauté, furent compris dans ces anathèmes. On adopta le décret de Saint-Just, qui les déclarait traîtres avant tout jugement. L’infortuné Vergniaud, immobile à Paris, gardé et sous les yeux de la Convention, fut renvoyé au tribunal révolutionnaire le même jour que Custine, suspect d’avoir livré le Rhin.

Parmi ces décrets de fureur, il y eut un mot de bon sens, et ce fut Danton qui le dit :

Créez un gouvernement.

Ce n’était pas quelques têtes de moins qui changeaient la situation ; ce n’était même pas la levée en masse, ni de pousser des cohues indisciplinées à la boucherie ; 1792 était passé, il n’y avait plus le premier élan. Ce qu’il fallait en 1793, ce n’étaient pas seulement des hommes, c’étaient des soldats.

La question du moment, et celle qui restait si malheureusement suspendue, celle que le 2 juin n’avait pu résoudre, était celle-ci : créer un gouvernement.