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riez, Dampierre, Beauharnais, Gustine, Houchard, Jourdan.

En huit mois, huit généraux à l’armée du Rhin ! Gustine, Diettmann, Beauharnais, Landremont, Meunier, Garlenc, Pichegru, Hoche.

Cette mobilité effroyable suffisait à elle seule pour expliquer tous les revers.

La girouette ne fut fixe que pour un choix, celui de Rossignol, l’inepte général de l’Ouest. Ronsin avait très bien compris que, pour agir à l’aise, il valait mieux pour lui ne pas prendre le premier rôle. Il lui fallait un mannequin. Il avait pris tout simplement un jeune gendarme, homme illettré et simple, ex-ouvrier bijoutier du faubourg Saint-Antoine, brave, agréable, grand parleur, aimé des clubs. Rossignol, c’était son nom, avait brillé au siège de la Bastille, puis dans la gendarmerie, et il y avait atteint le vrai poste où il devait rester, celui de commandant ou colonel d’un corps de gendarmerie. Bon enfant, bon vivant, pas fier, camarade du soldat, très indulgent pour les pillards, il se fît adorer. Les généraux auraient voulu le pendre ; c’est ce qui fît sa fortune. Traduit à la barre de la Convention, il apparut comme une victime du patriotisme. Il y fut fort caressé, encouragé de la Montagne, qui ne vit que sa bravoure, sa simplicité. Ronsin saisit l’occasion avec un tact admirable ; il vit combien Rossignol avait plu, et qu’on était décide d’avance à tout pardonner à ce favori, qu’il pourrait tout faire sous son ombre. Il demande et