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À la tête de tout cela, le vrai ministre, Vincent, un garçon de vingt-cinq ans, petit tigre. Plus tard, quand Robespierre réussit à le mettre en cage, sa fureur était telle qu’il mordait dans un cœur de veau, croyant mordre le cœur de ses ennemis.

La tolérance de ces misérables, qui dura plusieurs mois, fut le martyre de Robespierre.

Fous furieux dans leurs paroles, ils étaient, dans leurs actes, infiniment suspects. Le sans-culotte Hébert, quand il avait couru dans sa voiture à la Commune, aux Cordeliers, aux Jacobins ou à la Guerre, laissait le bonnet rouge et retournait à la campagne, à la villa du banquier Koch, que beaucoup regardaient comme un agent de l’étranger. Sa femme et lui ne vivaient là qu’avec des ci-devant (spécialement une dame de Rochechouart), le beau monde enfin d’autrefois. Le plus assidu commensal de la maison était un Autrichien, très douteux patriote, Proly, bâtard du prince de Kaunitz.

Le premier soin de Robespierre, dès qu’il eut un bon Comité de sûreté, ce fut de faire arrêter ce Proly et saisir ses papiers. Il ne trouva rien d’abord, mais, plus tard, il l’a fait mourir avec Hébert.

Quand l’étranger les eût payés pour maintenir la désorganisation qui régnait à la Guerre, ils n’auraient pas fait autrement. De moment en moment, ils changeaient tous les généraux. Aux deux grandes armées du Nord et du Rhin, il y eut, à la lettre, un général par mois.

À la première, six généraux en six mois : Dumou-