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hébertiste et membre de la Commune. Il rendit là un service à Hébert, lui tuant son concurrent, effrayant tous les autres, de sorte que la terreur qui frappa les journaux profita à un seul ; la liberté de la presse, entière de nom, nulle de fait, n’exista guère que pour le Père Duchesne. Lorsque Prudhomme reparut, le 3 octobre, ce fut à condition de prendre exclusivement pour rédacteurs des hébertistes.

Hébert, maître et seigneur de la presse populaire, pouvait, dans un moment donné, frapper sur l’opinion des coups terribles. Tels de ses numéros furent tirés jusqu’à six cent mille !

Publicité factice, payée et mercenaire. L’honnête Loustalot, le premier rédacteur des Révolutions, tir à deux cent mille dans les grandes journées d’enthousiasme universel, sincère, qui ont marqué l’aurore de la Révolution.

La vache à lait d’Hébert était Bouchotte, le ministre de la guerre.

D’une part, il tirait de lui ce qu’il voulait d’argent pour augmenter sa publicité, l’étendre surtout aux armées. D’autre part, avec cette publicité, il le terrorisait, lui faisait nommer ses amis commis, officiers, généraux. Un ministère qui dépensait trois cents millions (d’alors) par mois, qui avait à donner cinquante mille places ou grades, mille affaires lucratives d’approvisionnement, équipement, armes, munitions, constituait une puissance énorme, toute dans la main des hébertistes.