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Il retombait ensuite dans son cachot, dans le réel de sa situation : « La Liberté et la Patrie sont bien à plaindre ; leurs défenseurs sont dans les souterrains. .. » — « malheureuse et infortunée et aveugle ville de Lyon, de persécuter ainsi ton ami et ton protecteur !… » — « Adieu, Liberté ! adieu, sainte Égalité !… Ah ! c’est une Patrie perdue ! »

Chaque jour, à minuit, douze soldats venaient à grand bruit, comme pour le conduire à la mort. On se jouait de ses souffrances. Un voisin de prison, qui en avait pitié, lui donna un pigeon qu’il aima fort et qui lui fît société.

D’où viendrait le secours, de Paris ? de Grenoble ?

Dubois-Crancé, dans cette dernière ville, s’était trouvé dans le plus grand danger. Les troupes qu’il y avait se décideraient-elles pour la Gironde ou la Montagne ? Grenoble heureusement, comme toujours, fut admirable, la population enleva l’armée ; ce ferme point d’appui montagnard entre Lyon et Marseille devint le salut du Sud-Est. Dubois-Crancé redevint fort et put menacer Lyon. Mais plus il menaçait, plus il fortifiait le parti militaire qui voulait la mort de Chalier.

À Paris, Lindet, de retour, demanda et obtint de la Convention quelle déclarât prendre sous sa sauvegarde les patriotes de Lyon. Il se montra réservé et prudent, ne voulut rien dire de sa mission que ces paroles infiniment conciliantes : « Si la nouvelle autorité de Lyon est ferme, il n’y a rien à craindre pour la liberté. »