Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus rester dans les tempéraments où s’étaient tenus ses prédécesseurs. Le dantoniste s’unit aux enragés, donna la main à Chalier, frappa Lyon d’une taxe et créa l’armée révolutionnaire (13 mai). La suite se devine. Les Lyonnais défendent leur argent. Ils crient à la Convention, qui alors sous les Girondins dément Dubois-Crancé, autorise à repousser la force par la force. Décret coupable et trop bien obéi dans l’affreux combat du 29.

La veille, au soir, on criait dans toutes les rues : « Mort à Chalier ! » Des masses, ou crédules, ou payées, le disaient agent royaliste. Chalier ne recula pas. « Ils veulent ma tête, je cours la leur porter. Il va aux Jacobins, prononce un discours plein de feu et dit : « Prenez ma vie. » Presque tout l’auditoire se précipite pour l’arracher de la tribune. Ses amis le sauvent à peine, le conduisent chez l’un d’eux, Gaillard. C’était entre onze heures et minuit. Il y trouva tous ses disciples qui voulaient mourir avec lui. Le 29, au matin, jour du combat, il se rendit intrépidement à son poste de juge, siégea de huit heures à une heure. À peine rentrait-il que le canon se fît entendre. Prié et supplié de pourvoir à sa sûreté, il resta immuable dans son domicile, disant : « J’ai ma conscience… Je me sens innocent comme l’enfant qui vient de naître. »

Le 30 au matin, il fut arrêté, traîné, lié, frappé, jeté dans le plus noir cachot. Sentant bien qu’il était perdu, il voulut échapper à ses ennemis,