c’était d’avoir employé des moyens violemment expéditifs pour organiser la défense contre l’émigré et l’étranger. Des paroles sanguinaires, des menaces atroces, des actes de brutalité, voilà ce qu’on leur reproche. Ils invoquèrent la guillotine, mais leurs ennemis l’employèrent, et très injustement contre eux[1].
La violence des paroles et des actes était alors à un point excessif dans tous les partis. Un Italien royaliste, le Romain Casati, avait offert à l’archevêque de Lyon d’assassiner, non Chalier, mais un Girondin, Vitet, chef de l’Administration girondine. Tout ce qui reste de Chalier dans ses écrits, dans la tradition, indique que cet homme, si violent par accès, était de lui-même très doux. Il aimait la nature, désirait la retraite. Il espérait finir ses jours dans la paix et la solitude. Il se faisait bâtir un ermitage sur les hauteurs de Lyon, aux quartiers pauvres et alors peu habités de la Croix-Rousse ; il voulait y vivre, disait-il, comme Robinson Crusoé. Il aimait les plantes, les fleurs, se plaisait à les arroser. Sans famille, il avait pour tout intérieur une bonne femme de gouvernante, la Pie (la Pia ?) qu’il avait probablement amenée d’Italie.
Dans les actes que commandait la nécessité révo-
- ↑ Un seul fait qui caractérise les partis et leurs historiens, atrocement passionnés. — Guillon conte avec bonheur la mort de Santemouche, ami de Chalier, absous par le tribunal et égorgé par les modérés. « Pour ses crimes, dit-il, à telle page je les ai racontés. » À la page, vous ne trouvez rien, sinon que Santemouche, officier municipal, levait de maison en maison l’impôt décrété, le sabre à la main, qu’il entra ainsi chez deux femmes qui en furent fort effrayées. L’acte, sans doute, est condamnable, mais enfin vaut-il la mort ?