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troublée à ce moment, avait dans les yeux les rouges rayons du soleil qui perçaient les arbres des Champs-Elysées.

La Commune de Paris et le tribunal donnèrent satisfaction au sentiment public en mettant l’homme en prison.

Parmi les cris maratistes, infiniment peu nombreux, l’impression générale avait été violente d’admiration et de douleur. On peut en juger par l’audace qu’eut la Chronique de Paris, dans cette grande servitude de la presse, d’imprimer un éloge, presque sans restriction, de Charlotte Corday.

Beaucoup d’hommes restèrent frappés au cœur et n’en sont jamais revenus. On a vu l’émotion du président, son effort pour la sauver, l’émotion de l’avocat, jeune homme timide, qui cette fois fut au-dessus de lui-même. Celle du peintre ne fut pas moins grande. Il exposa cette année un portrait de Marat, peut-être pour s’excuser d’avoir peint Charlotte Corday. Mais son nom ne paraît plus dans aucune exposition. Il semble n’avoir plus peint depuis cette œuvre fatale.

L’effet de cette mort fut terrible : ce fut de faire aimer la mort.

Son exemple, cette calme intrépidité d’une fille charmante eut un effet d’attraction. Plus d’un qui l’avait entrevue mit une volupté sombre à la suivre, à la chercher dans les mondes inconnus. Un jeune Allemand, Adam Lux, envoyé à Paris pour demander la réunion de Mayence à la France, imprima une