Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE IV

MORT DE CHARLOTTE CORDAY (19 JUILLET 1793).


Interrogatoire de Charlotte Corday. — Charlotte Corday en prison. — Charlotte Corday au tribunal. — Ses derniers moments. — Son exécution, 19 juillet 1793. — La religion du poignard.


La femme entre, le commissionnaire… Ils trouvent Charlotte, debout et pétrifiée, près de la fenêtre… L’homme lui lance un coup de chaise à la tête, barre la porte pour qu’elle ne sorte. Mais elle ne bougeait pas. Aux cris, les voisins accoururent, le quartier, tous les passants. On appelle le chirurgien, qui ne trouve plus qu’un mort. Cependant la garde nationale avait empêché qu’on ne mît Charlotte en pièces ; on lui tenait les deux mains. Elle ne songeait guère à s’en servir. Immobile, elle regardait d’un œil terne et froid. Un perruquier du quartier, qui avait pris le couteau, le brandissait en criant. Elle n’y prenait pas garde. La seule chose qui semblait l’étonner et qui (elle l’a dit elle-même) la faisait souffrir, c’étaient les cris de Catherine Marat. Elle lui donnait la première et pénible idée « qu’après tout, Marat était homme ».